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Contre les fléaux actuels, des économistes peintres
Il y a 15 ans, la pauvreté apparaissait comme une vague irrésistible condamnant d’avance les enfants nés d’une démographie galopante en Asie et en Afrique. Les bras nous en tombaient. Par où prendre ce fléau qui tuait, comment identifier ses causes multiples et interdépendantes ? Face à la complexité de la tâche, la tentation était forte de solliciter des solutions parfois simplistes sur la base de prédictions pas toutes sérieuses. Un contexte qui n’est pas sans évoquer le climat actuel de sidération face au défi climatique, nous rappelle Esther Duflo, prix Nobel spécialisée dans la lutte contre la pauvreté. Et pourtant…
Sur l’estrade du Collège de France, le 24 novembre 2022, l’économiste poursuit : entre 2010 et 2019, l’extrême pauvreté (vivre avec moins de deux dollars par personne et par jour) a été divisée par deux, passant de 15 % à 8 % de la population mondiale qui, dans le même temps, a augmenté de 11 %. C’est en visant l’objectif général (réduire la pauvreté) à travers les problèmes concrets qui le composent que des résultats tangibles ont été obtenus, par exemple la chute drastique de la mortalité maternelle et infantile. Les chercheur(euse)s – pas uniquement des économistes –
ont débroussaillé, évalué, se sont trompés parfois (sur le microcrédit), se sont inspirés
des travaux de leurs collègues et ont bâti à partir de ceux-ci.
C’est cette méthode des « économistes pointillistes » qui a fait émerger les solutions, explique la Nobel française. Tels des peintres, ces penseurs, dans chacune de leurs études, dessinent un seul point et c’est la multiplication des points qui crée le tableau. La leçon inaugurale d’Esther Duflo sonne comme un rappel évident, mais très pertinent en 2023 : l’activisme politique doit être fondé sur de la connaissance. Et cette connaissance se crée par une multitude de travaux, chacun d’un impact humble, mais qui, pris ensemble, convergent vers des résultats transformables en mesures concrètes et efficaces. Voilà l’objectif de ce hors-série. Sur le climat comme les inégalités, le protectionnisme, la guerre ou les impôts, esquisser ce tableau de peintres, économiste par économiste. En assumant de revisiter les travaux d’hier, de nuancer les théories parfois simplifiées par les fans, d’introduire une complexité aidante plutôt que paralysante, pour vous livrer cet édifice de pensée utile et vous aider à savoir quoi faire. L’urgence, c’est de prendre le temps de la science, parole de Nobel !
Bonne lecture.
Julie Desrousseaux, rédactrice en cheffe adjointe