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L’ÉCONOMIE A TERRIBLEMENT BESOIN D’AMOUR
Mais pourquoi parler d’amour dans un média d’économie ? Parce que dans l’économie, l’amour est partout. D’abord, l’amour rapporte gros. La province du Taj Mahal récolte chaque année 14 milliards de dollars simplement parce que l’empereur moghol Shâh Jahân, à la mort de l’amour de sa vie, transforma son chagrin en un mausolée devenu l’un des lieux touristiques les plus visités du monde. Enlevez l’amour – romantique, amical, filial –, que reste-t-il des milliards dépensés chaque année en cadeaux ? Effacez le besoin de séduire, que deviennent les producteurs de cosmétiques, les chocolatiers, les «wedding planneuses» ? Supprimez la nécessité d’exprimer son amour (et son désamour) en ligne, et toute la manne des likes, swipes et autres tweets s’évapore. Retirez le droit de toucher l’autre, de partager le même mètre carré, bref, confinez, et ce sont 8 500 milliards de PIB mondial qui partent en fumée. Oui, l’économie a besoin que nous nous aimions.
Ensuite, l’émotion est plus forte que la raison économique. Les logements que nous recherchons, es services que nous attendons, tous nos petits arbitrages individuels aux prolongements macro-économiques gigantesques, sont davantage influencés par nos passions, nos affects, notre besoin d’aimer, de faire communauté que par une rationalité à laquelle plus aucun(e) économiste sérieux (se) ne croit. Le mythe de l’homo oeconomicus sert à rassurer dans les comités exécutifs d’entreprise, les assemblées générales, les réunions d’investisseurs, tous ces lieux de décisions où chacun fait semblant de croire qu’il n’est pas avant tout préoccupé par une dispute conjugale pesante ou un enfant en détresse. Mais notre premier carburant économique, ce sont les sentiments.
Enfin, n’en déplaise aux idéalistes, l’amour est une denrée qui s’échange. La rencontre amoureuse n’a pas attendu les algorithmes des applis pour adopter les mécanismes qui régissent n’importe quel marché : offre et demande (de célibataires), coût d’opportunité – de s’unir avec lui/elle plutôt qu’avec un(e) partenaire futur(e) potentiellement mieux doté(e) –, avantage comparatif (de la beauté), effets de réseaux… En décodant les lois économiques de l’amour, ce hors-série ne vous promet pas de trouver le bonheur conjugal, mais peut-être en comprendrez-vous un peu mieux les rouages.
Bienvenue dans l’amour, un marché à 7,9 milliards de consommateurs !
Bonne lecture !
Julie Desrousseaux, rédactrice en cheffe adjointe