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Quand l’Europe devient adulte
Riche et plaisante, mais dépassée, molle, lente, désunie… En Chine, en Russie, aux États-Unis, mais aussi dans des cercles bien plus proches de nous, les caricatures vachardes pleuvent sur l’Europe, des critiques qui ne sont pas toutes sans fondement, mais que leurs auteurs oublient seulement de mettre à jour. Il le faudrait pourtant, et Pour l’Éco a décidé de vous raconter ce qui restera peut-être comme le grand « reset » européen (p.16) des années 2020.
Les crises récentes montrent que l’Union commence enfin à porter son nom. Pour contenir les menaces économiques portées par la pandémie de Covid-19, les 27 n’ont pas lésiné (p.18) : en quatre jours et quatre nuits, un plan de relance de 750 milliards d’euros a été adopté et la quête collective de vaccins a été menée au pas de charge. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, l’Allemagne, le plus pacifiste des pays membres, ne s’est pas contentée de remiser son principe le plus sacré – ne pas livrer d’armes à un pays en guerre –, elle a décidé d’investir 100 milliards d’euros pour sa défense. Bien sûr, l’unité trouve vite ses limites quand il s’agit d’envisager un embargo sur le pétrole et plus encore sur le gaz en provenance de la Russie, mais le tête-àqueue énergétique représente un effort colossal qui prendra du temps.
Sur les grandes technologies de rupture, celles qui conditionnent l’hégémonie économique de demain, l’Union était à la traîne, elle se reprend. Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, a promis d’engager 50 milliards d’euros (p.26) pour quadrupler la production de semi-conducteurs sur le sol européen d’ici à 2030. C’est indispensable si l’industrie européenne veut avoir un avenir (p.32). Et on regrettera que Bruxelles n’abrite pas encore une agence d’innovation aussi efficace que la Darpa américaine (p.30).
Les 27 pèsent lourd dans le commerce mondial (p.22), mais pour compter politiquement à la mesure de son influence économique, l’UE va devoir faire des choix délicats : oui, il faudra favoriser l’émergence de champions industriels européens, quitte à tordre un peu les règles de la concurrence (p.34) au détriment du consommateur. Oui, elle doit organiser sa défense collective face à la Russie. Oui, elle doit inventer un protectionnisme intelligent pour défendre ses valeurs et pousser ses normes. Oui, son agriculture devra produire plus (p.28), ce qui n’est pas optimal pour l’environnement.
Enfin adulte, L’Europe avance parce qu’elle n’a pas le choix. Elle a compris qu’elle ne peut pas fonder sa cohésion seulement sur la concurrence « libre et non faussée », la circulation fluide des biens et des personnes, le progrès climatique et une monnaie. Face à elle, d’autres Unions jouent avec d’autres règles, pour gagner en utilisant la force. La naïveté bienveillante est un luxe que l’UE ne peut plus s’offrir. À Bruxelles, la puissance n’est pas encore un réflexe, mais ce n’est plus un gros mot.
Bonne lecture.
Stéphane Marchand
Rédacteur en chef
Quand l’Europe devient adulte
Par Stéphane Marchand
Oui à l’industrie, non au productivisme
Par François Geerolf, professeur assistant à l’Université de Californie (UCLA) et professeur associé à Sciences Po, et Simon Cardoen, cofondateur du think tank Partageons l’Éco et des Forums économiques de la Sorbonne
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