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Si la Chine pivotait…
Dans quelques jours, le 16 octobre, le Parti communiste chinois tiendra son vingtième congrès, qui devrait consacrer à nouveau le président Xi Jinping. Sur la scène internationale, le leader chinois est au sommet de son art. En quelques mois, il a défié deux fois les États-Unis, d’abord en affichant sa proximité avec la Russie malgré l’invasion de l’Ukraine, puis en arborant son arsenal militaire flambant neuf dans les eaux de Taïwan lors des « exercices » les plus menaçants de l’Histoire. Le message est clair : la Chine est une grande puissance.
À l’intérieur, le spectacle laisse plus à désirer. La Chine a beau être la deuxième économie du monde – curieux pour un pays toujours « en développement » (p.24) ! –, elle traverse un trou d’air qui ne doit pas tout aux confinements de la politique zéro Covid. Le modèle chinois patine. Longtemps fondé sur l’exportation quand le pays était l’atelier du monde, il voudrait pouvoir compter sur la consommation pour sa croissance, mais les Chinois ne dépensent pas assez (p.18). Ils vieillissent et redoutent l’avenir que leur réserve un système sans vraie couverture sociale. Le pays est rattrapé par une loi de l’économie, le tournant de Lewis. Soucieux, en outre, d’éviter une appréciation trop forte de sa monnaie qui pénaliserait la croissance et l’emploi, il se heurte à une autre loi, le triangle d’incompatibilité (p.25) de Mundell, qui l’empêche de faire du yuan une vraie devise mondiale. Pour un pays de 1,4 milliard d’habitants, pivoter n’est pas facile.
La question n’est pas tranchée de savoir si la Chine peut devenir le grand leader (p.30) mondial de la Tech – la recherche fondamentale a besoin de liberté –, mais elle fait à l’évidence des progrès gigantesques, même si les sanctions américaines font mal. Si vous doutez de leur efficacité, demandez donc à Huawei (p.48). Dans le domaine crucial des microprocesseurs de pointe, Taïwan maintient sa solide avance. Un agacement de plus pour Pékin quand on se souvient que ce sont les investisseurs de l’île « rebelle » qui ont largement financé (p.28) le miracle économique en Chine continentale il y a quelques décennies. Quant aux prouesses technologiques de Pékin en matière d’énergies renouvelables (p.26), elles sont bien réelles, mais n’oublions pas que le moteur chinois tourne toujours surtout au charbon.
Et le parti ? Avec les outils du XXIe siècle, il se concentre sur sa mission favorite : surveiller. Il canalise l’innovation (p.20), se glisse dans les entreprises privées, même petites (p.32), tente d’inféoder les religions au socialisme (p.35) et n’arrive pas à inverser l’usage de l’enfant unique (p.33) qu’il avait imposé brutalement aux couples pendant des décennies. À ses débuts héroïques, le socialisme de marché faisait la part belle aux femmes dans l’économie (p.22), mais ça aussi, c’est fini.
Bonne lecture.