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Derrière le salaire
Tout travail mérite salaire. Depuis l’abolition de l’esclavage, cette évidence fait consensus. Oui, mais quel salaire ? Et le consensus s’arrête là. À côté du salaire d’équilibre, dont l’aspect raisonnable est trompeur, à côté du salaire de subsistance, formalisé par Ricardo et permettant juste la survie du travailleur, à côté du salaire d’efficience, où l’employeur fait le pari néokeynésien de payer au-delà du nécessaire pour inciter le travailleur à être plus productif, des myriades de théories s’entrecroisent, promettant un cocktail au dosage variable de justice, d’efficacité et de profit. Dans la pratique, le débat est hautement explosif, car il charrie toutes les ambitions et les frustrations de la société.
Alors que la réforme des retraites bat son plein, que l’inflation rogne le pouvoir d’achat et que les entreprises ont du mal à embaucher, Pour l’Éco a jugé le moment propice pour plonger avec vous dans la grande bataille des salaires. Elle est menée par un trio aux intérêts bien distincts (p.18), les entreprises, les syndicats et l’État. Sans oublier un acteur aussi majeur que méconnu : les branches professionnelles (p.23). Entre tous ces partenaires/adversaires, la négociation produit des grilles de salaires minimums (p.30). Dans certains pays comme la Belgique (p.28), on indexe carrément le salaire sur l’inflation, mais la France, redoutant une escalade, n’est pas prête à retenter l’expérience.
Bien sûr, pour augmenter les revenus, il n’y a pas que les salaires (p.22). La participation, l’intéressement, les primes offrent des moyens de répartir la richesse créée par l’entreprise, au point que le partage de la valeur est devenu le marqueur n°1 de la responsabilité du capitalisme. Et quoi qu’en disent les Français, ils s’en sortent plutôt bien (p.20). Fidèle à son ADN égalitariste, notamment entre les hommes et les femmes (p.31), la
France est particulièrement vigilante sur les inégalités et cet état d’esprit fait du salaire un montant qu’on ne partage qu’avec une extrême circonspection. La transparence ne règne pas. Le salaire est à la fois une échelle de reconnaissance sociale et un ressort très intime : mon salaire ne regarde personne (p.26) ! Quant à savoir si les rémunérations « mirobolantes » de quelques grands patrons sont justifiées ou non, les avis sont partagés (p.24) entre ceux qui voient dans ces sommes considérables de petits arrangements entre puissants et ceux qui décèlent malgré tout de véritables forces économiques à l’œuvre.
Bonne lecture.
Stéphane Marchand
Rédacteur en chef