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Une seule économie
Pour les économistes et les sociologues, c’est la mère de tous les cassetête : mesurer l’économie informelle et identifier ses « entrepreneurs ». C’est que les agents de cette économie souterraine font tout leur possible pour ne pas être identifiés. Bien sûr, le fisc, l’Urssaf et l’inspection du travail paieraient cher pour en savoir plus, mais les organes de répression ne sont pas les seuls intéressés.
Les agences de prévision en profiteraient aussi. Car l’économie clandestine, combinaison de toutes les activités économiques cachées aux autorités pour des raisons fiscales, réglementaires ou institutionnelles, est le miroir de l’économie officielle. Comme un défouloir, l’informel en dit long sur le formel. Et il aide à fixer des politiques économiques et sociales adaptées et efficaces. À condition, bien sûr, de le cerner.
Dans ce n° 51, Pour l’Éco tente de dessiner les mille et un visages (p.18) de l’informel. Et nous prenons le temps de détailler la plus énorme des contributions invisibles à l’économie, le travail domestique (p.22), indispensable et non rémunéré, qui emploie des millions de citoyens, surtout des femmes. À cet égard, le monde émergent est un fructueux terrain d’étude. L’économie informelle s’y impose comme un élément central du développement économique (p.31).
Le débat reste ouvert sur la question de savoir si l’économie informelle nuit à sa cousine formelle (p.24). Interdire un produit, par exemple, ne le fait pas disparaître, l’accusé se dissimule tout simplement dans l’informel, comme l’a prouvé la prohibition (p.30), aux États-Unis, dans les années 1920. En réalité, tout indique que le formel et l’informel collaborent tacitement, que ce soit dans la pratique des jeux vidéo (p.26) ou dans la légalisation inachevée du cannabis, en Uruguay (p.28). Il n’existe qu’une seule économie et elle englobe les deux.
Bonne lecture.
Stéphane Marchand
Rédacteur en chef