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Orientation : pour le droit à l’erreur
Il y a bien sûr ceux qui veulent en finir avec l’orientation scolaire sous prétexte qu’elle mettrait l’éducation nationale au service de l’économie. Passons. Inutile de convoquer les vieilles lunes de l’anticapitalisme pour trouver à redire. En cette rentrée 2023, soyons honnêtes : l’orientation ne fonctionne pas. Et nous avons décidé, dans ce n°54, de comprendre pourquoi.
Les textes sont formels : en France, il est obligatoire de consacrer chaque année 54 heures à l’orientation pour chaque lycéen. Cette promesse n’est jamais tenue et l’orientation se révèle, dans les faits, bâclée et inéquitable (p.20). Bâclée parce que les psychologues de l’Éducation nationale sont bien trop peu nombreux et que le professeur principal, appelé à la rescousse, est peu formé à l’orientation. Inéquitable, parce que l’origine sociale de la famille détermine de manière écrasante la capacité à identifier, analyser et choisir une filière scolaire. Comment s’étonner de l’angoisse ambiante ? Les parents qui le peuvent investissent dans la réussite de leurs enfants : établissement d’excellence, cours particuliers, coachs d’orientation. Les autres familles affrontent l’entêtante question : est-ce que tout est joué d’avance (p.26) ? Quand on pense que l’orientation était censée limiter la sélection (p.33)…
Le système est grippé, mais pas immobile. La Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) est à la manœuvre (p.25), inventant les diplômes menant aux emplois de demain et enterrant les filières obsolètes. De leur côté, les organisations professionnelles tentent de recréer de l’engouement pour les métiers en tension, comme celui de tailleur de pierre (p.28). Réhabiliter le travail manuel reste un grand défi français.
Il faut se battre pour reconstruire un système où les futurs bacheliers trouveront vraiment leur voie en « matchant » leurs aspirations individuelles avec les besoins de la collectivité. La connaissance et l’estime de soi ont une influence primordiale sur le bien-être psychologique, l’aisance sociale et la réussite scolaire et professionnelle des jeunes. La preuve existe qu’une orientation ratée peut déboucher sur le décrochage scolaire (p.32). Les Allemands ont trouvé une parade : les élèves sont orientés beaucoup plus tôt, dès l’âge de 10 ans, mais ils ont ensuite plusieurs fois l’occasion de se réorienter (p.30). Le droit à l’erreur, en somme.
Bonne rentrée et bonne lecture.
Stéphane Marchand
Rédacteur en chef