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Quand l’Afrique nous surprendra
Parler de « l’Afrique » est toujours risqué, les 54 pays reconnus qui la composent ont suivi des trajectoires trop différentes pour que ce mot collectif ait vraiment un sens. Mais Pour l’éco se lance quand même, car les succès et les échecs du continent en matière d’éducation, d’emploi, d’investissement, de commerce extérieur, seront aussi les succès et les échecs de l’Europe, ce petit concentré de richesse qui le borde au nord.
Si les prévisionnistes ne se trompent pas, la population africaine va doubler pour atteindre trois milliards (p.22) en 2050. Les Africains seraient alors six fois plus nombreux que les Européens, deux fois plus que les Indiens ou les Chinois. Ce bond ne sera vivable que si s’installe un progrès accéléré et équilibré, d’autant que la région n’échappera pas aux pires conséquences (p.26) du réchauffement climatique, malgré les assurances de ceux qui voient dans les technologies vertes la solution miracle. L’essor trop rapide des grandes villes, comme Le Caire, Lagos ou Abidjan (p.30) n’est qu’un des défis colossaux qui s’imposent à ces États fragiles.
Depuis 1962 et le fameux « l’Afrique noire est mal partie », de l’agronome René Dumont, les oiseaux de mauvais augure n’ont pas manqué. Pourtant, le XXIe siècle a commencé par de très bonnes nouvelles, comme si le continent décollait enfin (p.20). Récemment, la machine s’est grippée à nouveau et on sait pourquoi. La croissance ne suffit pas. Pour la traduire en développement, il manque à l’Afrique des institutions (p.24) capables d’inspirer confiance aux citoyens, aux consommateurs et aux investisseurs.
Se développer, c’est, entre autres, échapper à la « malédiction des ressources naturelles » (p.23). Cette facilité économique pousse les pays à exporter pétrole, minerais, charbon, gaz naturel, uranium et produits agricoles au lieu d’investir dans la transformation, seule voie vers la valeur ajoutée et la création de richesse durable. Ils importent ensuite à prix d’or les objets manufacturés venus d’Occident ou d’Asie, ou des fripes (p.32). Heureusement, même si l’indépendance commerciale est encore loin, le commerce intra-africain progresse (p.33).
Réjouissons-nous aussi de la rupture sociale et financière apportée en Afrique par la plus simple des technologies numériques, le SMS (p.28). Celui-ci permet à des millions de particuliers et de travailleurs non bancarisés, y compris aux plus isolés, de transférer des fonds, recevoir des subventions, commercer et même s’assurer. C’est là que l’Afrique pourrait nous surprendre, avec des « basses » technologies frugales et peu coûteuses permettant à une multitude de rejoindre les grands circuits de l’économie.
Bonne lecture.
Stéphane Marchand
Rédacteur en chef