La productivité en petite forme
Vous cherchez une loi économique qui n’est pas près de changer ? Essayez celle-ci : sans gains de productivité, on peut oublier le progrès, les investissements d’avenir dans l’école et la recherche, la compétition technologique de pointe et, bien sûr, les ressources pour financer la transition écologique. Dans une économie développée qui veut créer du pouvoir d’achat individuel et de la puissance collective, défendre son patrimoine culturel, la progression de la productivité des facteurs n’est pas une option, c’est une obligation.
Et maintenant, la mauvaise nouvelle : dans les pays avancés, la productivité est flagada depuis des années. L’économie se tertiarise, l’industrie fait place aux services, qui sont moins productifs, et comme les salaires des services ne baissent pas en proportion, l’économie souffre de la « maladie des coûts » (p.22). L’exception irlandaise, largement due à la présence massive des GAFA, ne peut pas être reproduite partout (p.28).
Recherche productivité désespérément. C’est notre dossier du mois de mars.
Pouvons-nous malgré tout la faire redémarrer ? L’histoire a montré que les grandes révolutions technologiques, comme le tracteur ou le métier à tisser, sont parfois capables de doper l’efficacité économique. Alors bien sûr, nous posons la question : l’IA générative est-elle capable de réveiller la productivité (p.18) ? Ce n’est pas impossible, à condition que les organisations et surtout les entreprises s’équipent massivement, ce qui ne plaira pas forcément aux salariés. Car l’irruption de l’IA va secouer bien des métiers (p.21) et cette fois, ce sont des jobs élaborés et bien rémunérés de cols blancs. Précisons tout de suite qu’il serait fou de croire qu’en freinant l’innovation (p.24), on pourrait sauver des emplois. Ça ne marche pas. Pour inventer de nouvelles activités et de nouveaux emplois, il faut au contraire plonger dans l’IA, comme le démontre le cluster du plateau de Saclay (p.23). Cette course mondiale à l’IAG, ne la perdons pas (p.30). Il n’y aura pas de deuxième chance.
Et puis cessons de blâmer les « Z » pour la baisse de la productivité. La « génération flemme » n’existe pas, les managers doivent simplement apprendre à extraire le meilleur de jeunes professionnels qui n’ont pas la même relation à la valeur travail qu’il y a 50 ans. Les « Z » ne rejettent pas la productivité, mais le productivisme. C’est un des nombreux malentendus à lever. Il n’existe aucune recette d’efficacité qui se plaquerait indifféremment sur tout. Quand l’économie se métamorphose, il est peut-être temps de définir la productivité autrement (p.20).
Bonne lecture.
Stéphane Marchand
Rédacteur en chef